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lundi 25 avril 2016

La ministre serait bien inspirée de ne pas ouvrir à nouveau le dossier évaluation !


Acte I : V. Peillon obligé d’abroger en 2012

 Contraint d’abroger le décret Chatel sur l’évaluation dès son arrivée au ministère en 2012 suite à la mobilisation des personnels avec leurs organisations syndicales, V. Peillon n’en avait pas moins promis que ce dossier était en suspens car « un simple retour à la situation antérieure n’est pas non plus souhaitable ».

 
Acte II : Najat Vallaud-Belkacem veut se servir du protocole PPCR en 2016

Le 12 avril dernier, sur RMC, la ministre annonce qu’elle veut utiliser le protocole PPCR pourtant rejeté par FO, CGT, Solidaires qui représentent plus de 50% des voix dans la fonction publique.

Qu’importe pour la ministre et le premier ministre : ajoutant à la politique de terre brûlée que constitue la remise en cause de tous les droits, ils décident un 49-3 social et imposent d’appliquer ce texte.

 
Acte III : chantage à la revalorisation des salaires pour mettre en place l’évaluation

Et la ministre de déclarer : «Il y a une discussion sur le PPCR qui va nous amener à revoir leur rémunération [celle des enseignants, ndlr] mais aussi leur évaluation». C’est bien le processus du protocole PPCR qu’elle veut mettre en place : avancement modifié, carrière allongée, évaluation en lieu et place de la notation. Il s’agit de remplacer les règles statutaires en matière d’avancement et d’inspection par une évaluation « au niveau le plus proche », donc par définition soumise à l’arbitraire local.

Les annonces de la ministre sur BFM ce dimanche 17 avril de revalorisation exclusivement dans le premier degré (ISAE) ne peuvent cacher la réalité : la revalorisation serait de 200 € en octobre 2016 et 200 € en avril ou mai 2017. Un plat de lentilles !

Pour FO, la revalorisation des traitements des personnels ne passe pas l’évaluation «au niveau le plus proche» dans chaque service comme le prévoit PPCR. Elle passe par le juste retour des pertes subies depuis des années : 8% depuis 2010 et 50 points d’indice pour tous, 20% depuis 2000. Les 1,2% en 2 ans (0,6% en juillet 2016 et 0,6% en mars 2017) ne correspondent pas à ce qui a été perdu.

Rappelons que le salaire net des enseignants – premier et second degré- a baissé de 1% en euros constants entre 2012 et 2013 (note DEPP n°31), que le salaire moyen a encore baissé de 1,48% entre 2014 et 2015 (Bilan social MEN, 2015). Dans le même temps la retenue pour pension civile passe – suite à la réforme Hollande-Ayrault de 2012 – de 8,39% en 2012 à 11,10% en 2020…

Elle est de 9,94% en 2016 puis de 10,29% en 2017.

Dans le même temps 100 milliards sont donnés au MEDEF en 3 ans. L’alignement de l’ISAE des professeurs des écoles sur celle du second degré (ISOE) ne représenterait que 300 millions…

Malgré tous les trucages et les campagnes de communication, chacun constate que son salaire baisse d’année en année à échelon équivalent. Ce qui est certain, c’est qu’en 2018, le traitement sera inférieur à celui de 2015….

 
FO prendra ses responsabilités en proposant l'action commune pour que l’évaluation Vallaud-Belkacem soit abandonnée.

Personne ne peut croire que nos salaires pourraient augmenter si le Code du Travail et nos statuts particuliers sont démantelés, si notre temps de travail, nos obligations de service, notre paye sont définis localement.

A l’appel de FO, de la CGT, FSU et Solidaires grève interprofessionnelle le 28 avril pour le retrait du projet de loi Travail. FO met en discussion dans tous les services, la grève jusqu’au retrait.

Circulaire de rentrée 2016 : enfumage et obstination !


La ministre choisit la fuite en avant au lieu de répondre aux personnels mobilisés.

Tel est l’aveu d’impuissance face aux personnels qui ne peuvent accepter n’importe quoi.

Au lieu de répondre, la ministre choisit d’occuper l’espace médiatique et de poursuivre l’entreprise d’enfumage les 2 et 3 mai avec des «journées de la refondation de l’école» pour «redonner du sens et de la cohérence» aux réformes. Les personnels ne sont pas dupes car avec 4 ans de contre-réformes continuelles, ils en ont assez, résistent et se battent. Si la ministre souhaite «retrouver l’esprit de la concertation pour la refondation de l’école», elle serait bien inspirée de recevoir l’intersyndicale du second degré qui demande depuis un an l’abrogation de la réforme du collège. Mais elle choisit, comme le Premier ministre et El Khomri, ses interlocuteurs dans un simulacre de négociations, la CFDT et l’UNSA. La FNEC FP-FO s’est adressée à Najat Vallaud-Belkacem pour lui demander de rétablir des discussions normales avec les organisations qui ne partagent pas ses orientations.


La circulaire de rentrée se veut un catalogue de mesures mais les personnels sont têtus et le statut aussi !

- Du CP à la 3ème, au nom d’une «école plus juste et plus efficace», la ministre souhaite «consolider les évolutions entreprises depuis 2012» avec les nouveaux programmes 2016 sur les cycles 2, 3 et 4. Neuf années de programmes scolaires réécrits dans une «approche curriculaire» pour conduire à une «coopération plus large et plus approfondie entre les enseignants des 1er et 2nd degrés» via le conseil école-collège et les «échanges de pratiques inter-degrés». Les allers-retours des PE, certifiés, agrégés dans deux structures distinctes remettent en cause corps et statuts particuliers. Mais les personnels ne veulent pas d’affectations anti statutaires impossibles aujourd’hui avec la protection du statut de la fonction publique.


aDans le premier degré, «un effort budgétaire exceptionnel»

La circulaire de rentrée pratique la méthode Coué. Tout va mieux : «3900 emplois en plus», «1000 pour la scolarisation des moins de 3 ans». La ministre oublie les chiffres publiés au budget. Entre 2013 et 2015, 2050 postes n’ont pas été pourvus. Depuis 2008, seuls 54 328 nouveaux PE ont remplacé les 70 000 départs en retraite. 3329 écoles ont fermé en 7 ans et 710 écoles en deux ans. La scolarisation des 2 ans a été divisée par 2 entre 2008 et 2016. Les personnels le vivent et multiplient les délégations à tous les niveaux !


aDans le second degré, «la réforme du collège»

Enumérons simplement les objectifs de la ministre qui n’a toujours rien entendu : «maîtrise du socle», «organisation des enseignements disciplinaires redéfinie», «enseignement selon des modalités diverses» associant «enseignement communs», «accompagnement personnalisé» et EPI, «démarche de projet», «parcours éducatifs», «école inclusive», «autonomie», «individualisation des parcours». Malgré les pressions de toutes sortes, c’est le refus qui l’emporte. La résistance est toujours là. La mobilisation ne diminue pas. A moins de 6 mois de la rentrée, l’inspection générale reconnaît que la réforme des collèges est fortement compromise dans un quart des établissements.


aPour tous : «Une école ouverte et inclusive»

L’école Peillon-Vallaud-Belkacem demande «l’engagement des collectivités territoriales», des «associations», des «citoyens», «la mobilisation des acteurs locaux», des «parents», «PMI , CAF, réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement aux parents», etc. Dans le même temps, la campagne d’information estivale 2016 «Reviens te former» permettrait la réinscription de tous les élèves ayant échoué aux examens avec des cours à la carte.

Et comme la barque n’est pas assez pleine, l’élève orienté en LP aura le droit, aux vacances de Toussaint 2016, de changer de type d’établissement dans le cadre de la «période de consolidation et de confirmation de l’orientation». L’inclusion passe aussi par la suppression de la 6ème SEGPA et la refonte de la circulaire EREA. Les personnels refusent une Ecole ouverte à tous vents au nom de la territorialisation et du désengagement de l’Etat.


«Une logique ambitieuse»

Le numérique qui instruit, valide les diplômes, forme, voilà l’avenir ! Les outils de télétravail (Article 26 du projet de loi Travail) ne vont pas manquer : Eduscol, Canopé, Viaeduc, M@gistère, Eduthèque, English for Schools, Deutsch für Schulen, Livret scolaire numérique (LSUN) obligatoire tout au long de chaque cycle, nouveau B2i commun au second degré et à l’enseignement supérieur. Pour la ministre un «recours croissant de tous les enseignements aux outils et ressources numériques» avec formation au numérique obligatoire en 2016-2017 devient le nec plus ultra de ce XXIème siècle. Sans doute, la ministre sourde aux revendications n’a-t-elle pas entendu le refus massif des enseignants aux formations-formatage et la volonté des enseignants d’instruire. On peut se demander si elle veut encore des professeurs sous statut ou si un bénévole formé au numérique ne fera pas l’affaire !

 
«Le développement de l’apprentissage»

Au plan de 500 000 formations supplémentaires du discours présidentiel, la ministre répond par le développement massif de l’apprentissage en LP avec un partenariat renforcé avec les régions. Les parcours mixtes (voie scolaire et apprentissage) sont encouragés, tout comme le jumelage collèges, LP et CFA. La ministre veut détruire les LP, les personnels s’y opposent.

 

La ministre ne doit pas considérer que quitus est donné à ses réformes. Il n’y a aucun consensus. Aussi, a contrario des objectifs ministériels «de réunir la communauté éducative pour faire un point d’étape dans la mise en oeuvre de la loi de refondation», la FNEC FP-FO oppose les personnels réunis en AG pour décider la grève et ses suites, le 28 avril, pour le retrait du projet de loi Travail. Gagner sur le projet El Khomri ouvre la voie au retrait des contre-réformes. La ministre sait que les personnels ont bien compris la cohérence de toutes les «réformes» liées à la refondation de l’école. Elle devra en tenir compte.

Carnet de suivi des élèves en maternelle : un nouveau dispositif contre le statut …

Le 15 octobre 2015, rappelons que la ministre a fait adopter au CSE, grâce à l’arrivée in extrémis de la représentante du MEDEF, le décret relatif à l’évaluation des élèves. FO a voté contre ce décret.


… contre l’indépendance pédagogique individuelle !
La ministre remplace le livret de compétences jugé « trop complexe » par le livret scolaire de la scolarité obligatoire dans le but de faire « évoluer et diversifier les modalités de notation pour éviter une « notation-sanction » à « faible valeur pédagogique » et lui substituer une évaluation positive. Elle précise que l’objectif du décret est d’éviter la notation-sanction, considérant que la note serait discriminatoire…
Pour le SNUDI-FO cette caractérisation tente de reporter sur les enseignants qui utilisent la note chiffrée, la responsabilité de l’échec scolaire pour remettre en cause leur indépendance pédagogique.

 
… contre nos conditions de travail
En maternelle, la ministre tente d’imposer un « carnet de suivi » des élèves. Sa mise en place (qui peut atteindre plusieurs dizaines de pages) va entraîner un surcroît de travail considérable pour les enseignants de maternelle.
A chaque circulaire, à chaque nouveau dispositif, les tâches des PE s’accumulent ! Alors que la plupart des classes comptent entre 25 et 30 élèves avec, bien souvent, plusieurs élèves en situation de handicap sans AVS, sans aide, et sans ATSEM, alors que les 108 heures sont déjà largement dépassées, sur quel temps de service les enseignants devront-ils renseigner ces carnets de suivi ?
De plus, il serait dangereux de vouloir fixer dans le dossier de l’élève les acquis des élèves de maternelle. Sauf à vouloir définir dès la maternelle la personnalité d’un enfant et figer sa progression individuelle !
 

… contre nos obligations de service
Ce décret s’inscrit dans la mise en place des nouveaux programmes territorialisés du socle commun qui entrent en vigueur à la rentrée 2016. Inscrits dans le cadre des PEdT, ils ouvrent la voie à l’éclatement de l’école publique et des statuts particuliers des enseignants.
Ainsi les progressions, les modes d’évaluation, les projets divers devraient désormais relever d’une élaboration collective locale, école par école ou commune par commune.
Pour le SNUDI-FO, ces nouveaux programmes à l’école primaire et le nouveau socle commun sont incompatibles avec les garanties statutaires actuelles. Ils introduisent de nouvelles « missions » pour les PE qui remettent en cause leur statut particulier pour les aligner sur les 1607 heures annuelles de la Fonction publique.


Pas de pression, pas de mise en place anticipée !
Dans plusieurs départements, des DASEN (ou des IEN) plus zélés que d’autres, demandent aux enseignants des écoles maternelles d’appliquer d’ores et déjà ce décret. Rappelons que le décret prévoit sa mise en oeuvre à la rentrée 2016.
Le SNUDI-FO intervient auprès des DASEN afin que cesse toute pression concernant la mise en place anticipée de ce décret.


 
C’est la logique du projet de loi El Khomri contre le code du travail et la hiérarchie des normes

Le SNUDI-FO revendique :
  • L’abandon du carnet de suivi en maternelle ;
  • Le respect de l’indépendance pédagogique individuelle des personnels ;
  • l’abandon de la loi de refondation et de toutes ses mesures qui remettent en cause les droits et garanties statutaires des PE.
  

Remplacement : la cote d’alerte est dépassée

Les postes de remplaçants victimes de la Refondation


Depuis quelques jours, une campagne, alimentée par une enquête de la FCPE, pointe le problème du remplacement que le SNUDI-FO dénonce depuis des années. Manque de postes oblige dans les départements, les DASEN sacrifient en premier les postes de TR, notamment pour assurer la création des PDMQDC de la loi de Refondation.

Derrière les annonces de 60 000 postes, …une réalité tout autre
Ainsi, 1 662 postes de remplaçants ont disparu en 8 ans alors qu’au cours des deux dernières années 1 634 postes ont été réservés pour les « plus de maîtres que de classes » de la Refondation de l’école. Sur les 2 045,5 postes de remplaçants annoncés créés depuis la rentrée 2013 : seuls 1 120 sont consacrés au remplacement des enseignants en congé alors que 924,5 sont affectés au dispositif d’allègement de service pour les personnels exerçant en REP+. Il manque donc encore 1 420,5 postes pour revenir à la situation de 2008.


Une situation intenable « Les collègues sont à bout… »

Selon la FCPE, 20 000 journées de classes ont été perdues depuis la rentrée. En Seine-Saint-Denis, il manque au moins 720 remplaçants chaque jour, dans le Val-de-Marne 700 absences n’ont pas été remplacées dans une seule circonscription en 2015. Dans le Maine-et-Loire, 9 postes de remplaçants sont créés quand le SNUDI-FO en demande 15. Dans les Yvelines il manque plus de 100 postes de remplaçants. Dans le Gard, 150 PE non remplacés chaque jour. La Haute-Garonne comptabilise 544 jours d’enseignement perdus en 2015, en Loire Atlantique 257 jours, dans le Rhône 281 jours…

Dans ces conditions, les PE déjà confrontés à des classes de 30, 31 voire 34 élèves voient celles-ci s’alourdir au quotidien des élèves des collègues absents qu’ils se répartissent. Dépassés par le nombre réel d’élèves de leur classe, contraints de gérer de plus en plus souvent des multi niveaux qui demandent beaucoup plus de temps de préparation, d’organisation, confrontés à la réunionite, les collègues sont à bout.

La ministre annonce « fluidité », « mutualisation entre académies » …
La ministre annonce, par voie de presse, la constitution d’un groupe de travail « pour améliorer la fluidité dans toutes les académies », « la mutualisation des moyens entre les académies et un meilleur suivi des absences de courte durée » et prévoit « un millier de remplaçants supplémentaires à la rentrée et une amélioration de leur gestion » sans plus de précisions. Austérité oblige, ces postes devront être pris sur d’autres ressources budgétaires.


Les traductions concrètes de « mutualisation » et « fluidité » ne se font pas attendre
Dans le Haut-Rhin, tous les stages de formation continue ont été annulés et les enseignants de Rased ont été « invités » à se transformer en remplaçants, au mépris de leurs missions et garanties statutaires. Dans d’autres départements, ce sont les jours de décharges des directeurs de moins de quatre classes qui sont remis en cause pour assurer des remplacements en urgence.



Dans la plupart des départements, la ministre embauche des centaines de contractuels précaires à la place de PE, parfois reçu sur la liste complémentaire du concours : 400 contractuels dans le 93, 90 à Paris, 93 dans le Rhône, 50 dans les Alpes-Maritimes, 40 dans l’Essonne, 17 dans le Cher, 25 dans le Var …

Avant de prétendre mettre plus de maîtres que de classe,

le SNUDI-FO demande qu’il y ait au moins autant de PE que de classes avec des effectifs à 24.

La ministre doit recruter immédiatement des enseignants de la liste complémentaire, pour pourvoir tous les congés non remplacés.